Abe Cléo

Cléo, c'est le prénom qu'il a tout de suite su lui être attribué. Cléo par-ci, Cléo par-là ; papa ne donne que des ordres, des obligations, très peu de jeux. Son père gère une grande entreprise de téléphonie, nommée Abe's Center Call et Cléo en sera à l'évidence l'héritier direct. Son père le pousse dans les études, efface ses rêves et son enfance un geste de la main. Cléo n'est pas destiné à être comme tous les autres enfants à rire devant des choses ridicules, inutiles, futiles. Sa mère n'a pas son mot à dire, de toute façon elle n'est là que pour être aux petits soins de son fils unique.
Cléo grandit dans cette ambiance, se pliant aux exigeances de sa famille durant plusieurs années avant de rentrer au lycée. A ce moment-là, il découvre son attirance pour les hommes et les relations qu'il peut avoir avec ses autres camarades de classe. Il s'amourache d'un musicien qui lui donne goût au chant dans lequel Cléo se révèle être particulièrement doué. Une année, il s'abandonne dans ses rêves, levant la colère de son père qui l'assaille d'insultes et d'injures, qui lève la main une fois sur lui. Une seule et unique fois et depuis, Cléo joue sur deux fronts.
Cléo a décidé de courber l'échine par devant, montrant son obéissance forcée, puis son autorité à ses employés. Cléo a décidé de rêver en arrière plan, une fois le bureau fermé. De vivre sa vie et d'espérer un jour rendre la monnaie de sa pièce à son père en lui prouver que rêver et vivre n'est pas incompatible. Autant dire que les problèmes de la ville, avec les apparitions et disparitions étranges, Cléo ne s'en est pas vraiment formalisé. Ses propres angoisses sont suffisamment fatigantes à gérer.